• Mon accouchement sans péridurale

    Je vais vous parler dans cet article de mon accouchement, que j’ai choisi de vivre de la façon la plus naturelle possible, sans aucune aide médicale. J’en ai parlé dans un autre article, ça demande une certaine préparation c’est certain mais il y a tout de même une sacrée divergence entre théorie et pratique. 

     

    Je vais donc vous raconter ma propre expérience qui n’est en aucun cas une généralité puisque chaque femme est différente. Ici ce ne sont que les coulisses de mon accouchement, son déroulé et mon ressenti! Je rassure celles enceintes qui angoisseraient à l’idée de lire ce qui va suivre étant donné que ce que j’ai écrit sur ma première expérience n’était pas franchement positif, j’ai adoré cet accouchement ! Pour dire, ça ferait presque envie de recommencer (même si c’est bon on va s’arrêter là!)

     

    Alors on est à 41 semaines, soit 7 jours après terme et je suis censée être déclenchée. Mais après une nuit passée à la maternité pour être sur place « au cas où », je suis attendue à 6h30 pour un contrôle. Je suis à 3-4 cm, ça a l’air d’avoir bougé un peu, c’est bien me dit la sage femme. Je suis tellement soulagée, je place alors les mots sur ses non-dits: « du coup je suppose qu’il y a pas de déclenchement :) » et elle acquiesce plus ou moins, mais à sa tête je devine qu’il faut attendre encore un peu pour être sur. Je retourne dans ma chambre, je fais du ballon, mon grand ami d’accouchements; je sais que grâce à lui les choses vont s’accélérer. Après des mouvements de bassins pendant une bonne demie heure, je sens que les contractions arrivent doucement, ouh ça y est j’ai l’impression que ça se met en route... Je respire lentement, je reste calme et dans ma tête je souffle de soulagement, je suis tellement contente d’avoir mal! Oui ca peut sembler un peu maso mais très franchement au stade où j’en étais, quand on venait pour des fausses alertes et que j’entendAis les autres crier de douleurs je les enviais, et je regardais désespérément Manu en disant « moi aussi je veux avoir mal, je veux que ce soit le moment.... ». Alors là, cette douleur qui m’annOnce que c’est ENFIN le moment et que cette petite canaille se décide à 2h du déclenchement, franchement, elle me fait du bien!

     

    Après une petite heure, je retourne en salle d’acc - la salle physiologique qui m’a été réservée vu que je ne souhaite pas de péridurale - , nouveau contrôle, 4-5cm, super les douleurs que je viens de ressentir n’étaient pas vaines! Manu arrive, on part marcher dans les couloirs, j’ai mal mais je ne tiens pas en place, je sais que la seule façon d’accélérer le travail est de bouger, aussi je marche je danse, j’utilise tous les outils qui sont à ma disposition dans cette salle.

    Le monitoring affiche des contractions de plus en plus fortes, je continue de gérer, je respire, et je snife régulièrement ma fiole d’huile et de lavandes, j’ai pas l’air nette, mais ça me détend.

    Je me penche en avant quand j’ai trop mal, soit sur le ballon, soit en extension comme sur la photo..

     

     

    Nouveau contrôle, je suis à 6-7 cm, je décide d’aller faire un tour dans la baignoire puisque apparement l’eau chaude intensifie les contractions. Je ne reste vraiment pas longtemps dedans, je ne me sens pas à l’aise et je commence à avoir bien mal. On discute toujours, la sage femme me dit que je gère, le gynécologue passe aussi de temps à autre pour voir comment ça va et il m’encourage lui aussi, me dit que je suis calme.. ouais bon vous emballez pas les gars, j’ai pas fait le plus dur encore, on en reparlera plus tard...

     

    Encore un contrôle, plus ça va plus les toucher vaginaux sont douloureux... je suis à 8-9 cm, et j’y reste pendant une bonne heure; La sage femme me propose alors de percer la poche des eaux pour gagner le dernier cm. Je n’ai pas trop envie, j’ai entendu dire que c’est plus douloureux quand on a plus les eaux. Je lui demande ce qu’elle en pense, elle me répond le plus calmement du monde: « je sais pas j’ai que deux lapins et un chat ». Certes. Réponse honnête. Elle est vraiment cool cette sage femme, jeune rigolote et calme.

    Bon bAh allons y... elle passe à l’action et pendant que je sens d’écouler le liquide chaud, c’est comme je le craignais les choses se corsent..

     

    Manu continue de tchatcher, et de se bidonner sur la vie animalière de Madame la sage femme, pendant que je douille sérieusement. A partir de là, la table d’accouchement et moi on devient potes, je ne peux plus bouger, impossible ! Je suis à quatre pattes, je me concentre, mais je sens que je commence à perdre pied, et là dans un moment de lucidité je me dis mais pourquoi t’as fait ca??! Qu’est ce qui t’a pris de pas prendre de péridurale, t’es complètement folle, ça fait trop mal, je vais pas y arriver! Et puis ensuite je n’arrive plus à penser correctement, à respirer.. la seule pensée qui me vient c’est « je vais mourir!! »

    Manu prend ca a la légère, « mais non on ne meurt pas quand on accouche » dit-il, ou bien peut être que c’est elle qui dit ca - je n’entends plus rien; si j’avais été en état je l’aurais envoyé bouler comme il faut, mais j’en ai même pas la force et préfère garder mon énergie pour moi...

    Je suis dans un état second, j’en ai la nausée, je lance un « j’ai envie de vomir », ce sur quoi manu rassure direct la sage femme « nan vous inquiétez pas elle vomit jamais ».. J’ai envie de rire entre deux vagues de douleurs, mais j’en ai pas assez le temps... 

    J’attrape Le Bras de la sage femme, j’ai besoin d’aide je n’y arrive plus, on respire ensemble, je m’accroche à elle et fixe son regard et sa respiration et je fais pareil, heureusement qu’elle est là pour m’aider à reprendre le dessus.

    Nouveau toucher vaginal, toujours à 9cm, oh non c’est pas vrai! Sur accord de mon gynécologue elle m’injecte sous perfusion une dose de Buscopan, pour gagner le dernier cm. Tellement efficace ce machin, à peine 5 min après, toujours allongée sur le coté, ça y est ça vient!! Je crie « haaan ca y est ca pousse!!! » c’est affolant comme le corps se met au boulot tout seul, tout se dirige vers bas, et soudain cette irrépressible envie de pousser! Je n’attends même pas qu’on peut le dise, je ne retiens rien, je pousse! Manu s’improvise sage femme, pas le choix il a eu pour ordre de me tenir ma jambe en l’air, et je m’appuie contre lui pour pousser, ca me donne vraiment l’impression qu’on fait ça ensemble, le pauvre attrape presque une crampe au bras, c’est dire!  Non, sérieusement c’est un de mes moments préférés, c’est vraiment un instant qu’on vit pleinement à deux, il me guide, m’aide, il est juste parfait..

    Tout est bien coordonné, c’est moi qui donne le rythme et tout le monde m’encourage. Je redoute au fond de moi durant 5 secondes de lucidité le passage de la tête, puis je reviens à ce que je dois faire, pas le choix, 5 fois deux poussées en tout, et dans un ultime effort, une ultime douleur, il sort, d’abord la tête, ensuite le reste du corps, une sensation vraiment particulière, un « pouloupoupllplpl » qui m’annonce sa sortie, je le regarde, ils l’essuient pendant 5 secondes et je l’attrape, le pose sur moi. On le regarde on est seuls au monde c’est un moment magique, je ne ressens plus rien que de l’amour et de la joie, et cette fois je peux vraiment confirmer.... « oui, on oublie tout quand on voit son bébé »

    Je suis heureuse, j’ai réussi, on a réussi, c’était un travail d’équipe. Je pète la forme, je suis bien, shootée à l’adrénaline, en mode « oh je peux voir le placenta svp? Ouah... ». Ouais, à ce point. C’est glauque, surtout moi qui craint tout ça, mais là je me sens tellement forte et tellement bien!

    Notre deuxième merveille, Aydan, est enfin là...

     

    Mon accouchement sans péridurale

     

    Je terminerai sur les avantages d’un accouchement naturel:

    •  on est pas du tout passive, mais actrice de son accouchement et c’est vraiment super 
    •  On ressent tout, oui c’est douloureux mais tellement plus facile en fait
    •  On se remet beaucoup plus vite, la péridurale reste malgré tout une anesthésie, sans péridurale on est en forme après et on récupère beaucoup mieux!
    •  Pour ma part, 2h après j’étais debout.
    •  On en tire une satisfaction personnelle, en tant que femme d’abord, puis en tant que maman, d’avoir accompli cela, personnellement j’aime me fixer des objectifs et me donner les moyens de les atteindre, et cet accouchement fait partie de mes victoires.

     

    Voilà, je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit, c’est un choix personnel et chaque femme fait ce qu’elle veut, je ne fais que partager mon expérience et peut être encourager - ou non- celles qui prévoyaient une naissance non médicalisée !

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 6 Février 2019 à 17:07
    Shit !! Je venais de te poster un beau commentaire et j'ai tout perdu :/ bref, je recommence !
    Bravo pour ce bel article et merci pour le partage de ton expérience :) comme je te l'ai dit la dernière fois, je t'ai trouvé bien plus positive et en forme après ce deuxième accouchement (notamment avec tout le stresd que t'avais occasionné le premier). Tu décris bien la douleur mais aussi le fait d'être actrice de ce qui se passe et les sensations du corps - qui sait exactement quoi faire. C'est ce qui fait que je trouve les accouchements non-médicalisés fascinants et je souhaite réellement vivre une expérience similaire un jour prochain !
    Gros bisous
    2
    Josy
    Mercredi 15 Janvier 2020 à 17:03

    J'en suis à 28SA, et me languis d'arrivée au bout, car diabète gestationnel et dysphasie pelvienne, je n'ai pas encore commencé les cours et je serai dans l'obligation d'accoucher de manière naturelle étant donné que je suis allergique aux anesthésiants locaux et que même dans le cas contraire je ne souhaite pas qu'on touche mon dos.

    Depuis des milliers d'années, les femmes accouchent sans rien, donc pourquoi n'y arriverait-on pas?!

    Je ne savais pas à quoi m'attendre et ton article m'a rassuré et surtout m'a émue et mis les larmes car tu as réussi à nous faire ressentir le positif de cet accouchement et tout l'amour qui s'en dégage.

    Bravo et merci

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